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Pullman et Tchekhov A la veille des fêtes de Noël, le Guardian a proposé à des auteurs de lire et discuter une de leurs nouvelles favorites. Philip Pullman, habitué de longue date à écrire dans les colonnes du journal, a choisi de son côté Beautés, d'Anton Tchekhov (1860–1904). Il a ainsi fait la lecture du texte le 10 décembre, et voici ce qu'il en dit: "Un écolier accompagne son grand-père sur une charrette le long d’une route poussiéreuse traversant la steppe par une étouffante journée d’août. Ils s’arrêtent pour se rafraîchir dans la maison d’un ami arménien du grand-père. L’enfant, le grand-père et leur chauffeur ukrainien sont époustouflés par la beauté de la fille de l’Arménien. Des années plus tard, devenu étudiant, l’enfant est dans un train qui s’arrête quelques minutes à une gare en campagne. Il sort pour se dégourdir les jambes et voit une fille sur le quai qui parle à quelqu’un dans l’un des wagons. Elle est magnifique. Et c’est tout. Est-ce une histoire ? C’est presque aussi dénué de canevas qu’une histoire peut l’être ; deux instantanés qui tiennent tout juste de l’anecdote. Tout comme En attendant Godot, c’est une histoire dans laquelle rien ne se passe, à deux reprises. Mais ceci montre à quel point une nouvelle peut se passer de canevas. J’aime les histoires et je les travaille beaucoup ; peut-être est-ce pour cette raison que je n’ai jamais écrit de nouvelle réussie. La grandeur de celle-là dépend de choses plus impalpables. Le génie de Tchekhov réside dans sa capacité à véhiculer sans le moindre effort apparent le sens profond du mystère de la beauté, et de la tristesse de celui qui l’observe et la considère. Le narrateur de ce conte apparemment sans conséquence s’attarde sur les détails les plus appropriés parmi la myriade de possibilités existantes, pour toucher droit au cœur. C’est un chef d’œuvre de minimalisme." posté par Haku le jeudi 16 décembre 2010 à 19:07:18 | ||
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